Extraits d’un article du site Gènéthique (centré sur « l’actualité bioéthique ») de février 2023 :
« La mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti a consacré sa journée de jeudi à auditionner. Loges maçonniques, cultes monothéistes, professeurs de droit, d’éthique médicale ou encore psychologue ont partagé leurs visions sur la fin de vie. Sans consensus.
Principes contre principes
Grand orient de France, Grande loge de France, Grande loge féminine de France, Fédération française du Droit humain : les francs-maçons ont inauguré la journée. Tous sont favorables à l’euthanasie[1]. Un terme auquel Georges Serignac, Grand maître du Grand orient de France, préfère celui d’« accompagnement médical à la fin de vie » (cf. Fin de vie : un nouveau groupe d’experts pour “travailler sur les mots”). Les mots « indiquent une position » estime-t-il. Sans aucun doute. Ainsi, l’archevêque de Rennes, Mgr Pierre d’Ornellas, rappelle qu’il s’agit de « provoquer la mort de quelqu’un ». […]
Le texte [loi Claeys-Leonetti de 2016 – NDCEFM] semble faire consensus. Catherine Lyautey, Grande maitresse de la Grande loge féminine de France estime toutefois que la loi actuelle « ne prend pas en compte toutes les situations ». Elle évoque les maladies neurodégénératives et les personnes âgées souffrant de polypathologies. […]
Comme lors de l’audition des associations (cf. Fin de vie : deux visions s’opposent lors des auditions parlementaires), l’avortement est invoqué pour justifier l’euthanasie. « La vie c’est la naissance, pas de mort sans naissance », rappelle Catherine Lyautey. « La naissance est déjà encadrée, pourquoi pas la mort ? », interroge-t-elle. « Après les batailles pour ne pas enfanter dans la douleur, pour choisir d’avoir ou non un enfant », il s’agit « peut-être de la dernière liberté à conquérir », juge la Grande maitresse. Elle appelle à changer la loi pour mettre fin à la « clandestinité » de la pratique, comme cela a été fait pour l’IVG estime-t-elle.
Pour Frédérique Moati, de la Grange loge féminine, « s’il y avait eu un comité d’éthique à l’époque de la loi Veil, elle n’aurait pas été votée ». « Une loi ne peut pas se justifier sur des valeurs éthiques », d’après elle. « Le débat ne peut avoir lieu que sur le plan du légal et de l’illégal. »
Pour Georges Serignac, voter l’euthanasie serait « l’aboutissement du projet républicain ». Plus que du « projet républicain », c’est d’un projet « humaniste » dont il s’agit, avec des valeurs de « compassion », d’« empathie », estime Michel Hannoun, ancien député de l’Isère et membre la Commission nationale consultative des droits de l’homme de la Grande loge de France.
Humanisme, compassion, empathie, le lexique est choisi. Didier Martin, rapporteur de la mission, interroge la Grande loge : les valeurs de charité, d’amour, sont-elles au cœur de ce qui ferait accepter une demande d’« aide active à mourir » ? Pour Catherine Lyautey, la réponse, positive, prend la forme d’une interpellation : « ne peut-on pas donner la mort avec amour ? ».
Les lignes se brouillent, la confusion s’installe. La Grande maitresse ose même affirmer que légaliser l’euthanasie « évitera des suicides ». […]
[1] Lors des questions, Olivier Falorni rappelle le communiqué commun publié le 31 mars 2021 par différentes obédiences. Soit huit jours avant que le premier article de sa proposition de loi soit voté (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie) »