La franc-maçonnerie a, rapidement après sa fondation officielle, été dénoncée par les souverains pontifes.
Notamment à travers ces textes :
- Clément XII, encyclique In Eminenti, 1738 (« constitution valable à perpétuité »),
- Benoît XIV, encyclique Providas,
- Pie VII, Ecclesiam a Jesu Christo, 1821
- Léon XII, Lettre apostolique Quo graviora, 1826
- Pie VIII, Traditi,
- Pie IX, Qui pluribus
- et Léon XIII, Humanum genus, 1884
(liste plus complète ici).
Dans un ancien livre de catéchisme on pouvait lire ceci:
« Au début du XVIIIe, toutes les forces anticatholiques (déistes, matérialistes, libres penseurs) se groupèrent en une puissante association qui prit le nom de Franc-Maçonnerie. D’abord société philanthropique et politique, la Franc-Maçonnerie devint, après la fondation de la grande loge de Londres en 1717, le centre de la libre-pensée et comme l’armée de l’incrédulité.
D’Angleterre, elle se répandit en France où elle eut sa première loge à Dunkerque en 1721. Le Grand-Orient de France qui a son siège à Paris fut fondé en 1772.
Par son aspect philanthropique la Franc-Maçonnerie fut ce qu’elle est toujours: l’Ange des ténèbres déguisé en lumière. Elle séduisit ainsi de nombreuses nobles âmes, des prêtres,… Ces gens n’avaient pas discerné le but caché de la Franc-Maçonnerie.
Plus clairvoyants, les papes s’aperçurent qu’ils avaient en face d’eux les plus graves ennemis de l’Église. Elle fut condamnée assez vite par Clément XII en 1738, par Benoît XIV en 1751, par Pie VII en 1821, par Pie IX en 1865, par Léon XIII en 1884. »
En 1738, année où fut publiée la seconde édition des Constitutions d’Anderson, le pape Clément XII (1730-1740) mit en garde pour la première fois contre la nouvelle société secrète des francs-maçons dans sa bulle In Eminenti, du 28 avril 1738.
Conscient du danger, le 14 janvier 1739, il l’interdisait dans les Etats pontificaux, tandis qu’en France, la bulle pontificale ne fut jamais présentée à l’enregistrement du Parlement par le roi Louis XV. Une conséquence du gallicanisme ?
La bulle donnait un bon aperçu de la « Secte » telle que la nomment les papes. Le pontife avait ajouté qu’il condamnait les francs-maçons encore « pour d’autres causes justes et raisonnables à nous connues ». Or R. Peyrefitte eut connaissance à la Bibliothèque Vaticane d’une Lettre secrète de Clément XII, de dix-huit pages, annexée à la bulle “In Eminenti” dont il publia de larges extraits: l’Église n’en contesta pas une phrase.
Cette lettre commence par poser le principe que le devoir d’un catholique, dans les choses de la conscience et de la foi, est d’éviter le risque de tomber en tentation et d’adopter des idées dont il ne sait pas exactement la nature.
Benoît XIV (1740-1758) qui succède à Clément XII réitère la condamnation. Afin de lever toute ambiguïté, il confirma l’excommunication dans sa constitution apostolique sous forme de bulle, Providas romanorum, du 18 mai 1751.
Le 6 juillet 1758 le cardinal Rezzonico lui succède et devient Clément XIII (1758-1769). Son pontificat s’ouvre sur une époque où les « idées philosophiques » sont à la mode, l’incrédulité en expansion. Le Pape lutta surtout contre les écrits pernicieux que la Secte répandait de toutes parts.
Citons la vigoureuse exhortation du Souverain Pontife dans l’encyclique Christianae reipublicae salus du 25 novembre 1766 hélas sans effet: « Il faut combattre avec courage… et exterminer de toutes ses forces le fléau de livres funestes; jamais on ne fera disparaître la matière de l’erreur, si les criminels éléments de la corruption ne périssent consumés par les flammes » (cité par Grégoire XVI dans son encyclique Mirari vos).
Le 25 décembre 1775, Pie VI (1775-1799) condamne les « sectes de perdition ». Même constance avec Pie VII (1800-1823) qui jugea nécessaire de dénoncer les sociétés secrètes, « gémissant de ce que le zèle du Saint-Siège n’ait pas obtenu les effets qu’il attendait et de ce que ces hommes pervers ne s’étaient pas désistés de leur entreprise » (Ecclesiam a Jesu Christo, du 13 septembre 1821).
Dans cette même encyclique le pape révéla l’existence d’une nouvelle secte, au moins aussi dangereuse que les précédentes, désignée sous le nom de « carboneria » (charbonnerie).
Pour Léon XII (1823-1829) il est « absolument certain » qu’existe malgré la diversité de leurs noms, une unité « de toutes les sectes pour un projet infâme ». Selon lui ces hommes « sont les mêmes que nos pères n’hésitèrent point à appeler les premiers nés du diable ».
Le carbonarisme et les autres sociétés secrètes prirent une extension telle que Léon XII dut revenir à la charge dans sa constitution apostolique Quo graviora du 13 mars 1825.
Les avertissements de Léon XII ne portèrent pas les fruits espérés. Aussi Pie VIII (1829-1830) mit-il à nouveau en garde contre la corruption de la jeunesse dans son encyclique Traditi humiliati (disponible en anglais ici) du 24 mai 1829 : « Nous confirmons de nouveau et nous ordonnons de maintenir les anathèmes prononcés par nos prédécesseurs, contre ces sortes de sociétés secrètes d’hommes séditieux. »
« Au Consistoire » du 9 décembre 1854, Pie IX (1846-1878) applique aux membres des sociétés secrètes ces paroles du Christ: « Vous êtes les enfants du diable, et vous voulez faire les œuvres de votre père » (…) « sectes abominables de perdition / peste / enfants du démon / synagogue de Satan ». La lutte contre la Franc-Maçonnerie et le libéralisme, qui sont intimement liés, fut le souci principal de son pontificat.
En témoignent ces textes, entre autres : encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846, allocution Quibus quantisque en 1849, encyclique “Noscitis et nobiscum” en 1854, encyclique “Quanto conficiamur moerore” en 1863, “Syllabus” (mot qui signifie “recueil” des erreurs modernes) de 1864, bref “Quamquam” en 1873, encyclique “Etsi multa luctuosa” en 1873.
Dans cette dernière Pie IX rappela: « Si quelques-uns pensent que les constitutions apostoliques publiées sous peine d’anathème contre les sectes occultes et leurs adeptes et fauteurs n’ont aucune force dans les pays où ces sectes sont tolérées par l’autorité civile, assurément ils sont dans une bien grande erreur ».
Peu avant de mourir Pie IX précisera pour les futurs prélats: ceux « qui s’efforcent d’établir une alliance entre la lumière et les ténèbres sont plus dangereux que les ennemis déclarés ».
Léon XIII (1878-1903) précisera les buts de la secte des francs-maçons dans son encyclique Humanum genus. Il enjoindra aux catholiques d’« arracher à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre ». Il souligne que « le Christianisme et la franc-Mfaçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que, s’agréger à l’une, c’est divorcer de l’autre ».
Tout au long de son pontificat Léon XIII, comme auparavant Pie IX, multiplia les mises en garde contre la franc-maçonnerie: encyclique “Etsi nos” (1882), encyclique “Humanum genus” (1884), allocution “Dall’alto” (1890), allocution “Spesse volte” (1898), encyclique “Inimica vis” (1892), lettre “Custodi” (1892), encyclique “Praeclara” (1894), allocution “Parvenu à la 25ème année” (1902), allocution “Nobis quidem” (1903).
Saint Pie X (1903-1914) combat l’esprit maçonnique qui s’infiltre dans le sein de l’Eglise. Dans ses encycliques Vehementer nos (1906) et Une fois encore (1907), il dénonce les « sectes impies » et « convents maçonniques ». Dans la célèbre encyclique “Pascendi” de 1907, il condamne le modernisme en le définissant « égout collecteur de toutes les hérésies » puis impose au clergé, en septembre 1910, le « serment anti-moderniste ».
Promulgué par Benoît XV (bulle Providentissima), le Code de Droit Canonique de 1917 stipule au canon 2335 que « ceux qui donnent leur nom à une secte maçonnique ou à d’autres associations du même genre qui complotent contre l’Église ou les pouvoirs civils légitimes, contractent par le fait même une excommunication simplement réservée au Siège apostolique. »
Les catholiques qui deviennent francs-maçons sont dès lors excommuniés ipso facto : c’est la peine la plus grave, ils ne font plus partie de l’Eglise.
Dans son encyclique “Maximum illud” du 30 novembre 1919, Benoît XV (1914-1922) reste fidèle à l’enseignement de ses prédécesseurs.
Enfin Pie XII (1939-1958) dira par exemple le 24 juillet 1958: « (…) La rupture de l’unité chrétienne en Europe, l’athéisme scientifique, le rationalisme, l’illuminisme, le laïcisme, le matérialisme dialectique, la franc-maçonnerie, sont quelques unes des causes de ce lent processus d’égarement intellectuel et moral dont nous voyons aujourd’hui les ultimes conséquences. » (Doc. cath., 1958, p.918).
Pour tous ces papes, le Siècle des Lumières et les idées dévastatrices contenant le venin de l’apostasie ont donc une même origine : la franc-maçonnerie et les sociétés similaires.
En 1954, la Sacrée congrégation du Saint-Office décrétait, en parlant d’un livre présentant de façon fausse les rapports d’alors entre Eglise et Maçonnerie : « […] Par ailleurs, la mise à l’Index de ce livre constitue un efficace avertissement aux catholiques afin qu’ils ne se laissent pas tromper par ceux qui tentent de les persuader pour les attirer à la Franc-Maçonnerie, en prétextant un changement d’attitude de sa part à l’égard de l’Église catholique. […] »
En 1981, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (ex Saint-Office) rappelait, face à une rumeur concernant l’excommunication prévue au canon 2335, que « la discipline canonique n’a nullement été changée et elle conserve donc toute sa force ; Par conséquent, ni l’excommunication ni les autres peines prévues n’ont été abrogées ; »
Dans le nouveau Code de droit canon, publié en 1983, n’est plus mentionnée expressément la franc-maçonnerie, mais toute « association qui conspire contre l’Église » (canon 1374) ; certains considérèrent alors que les catholiques qui adhéraient à la franc-maçonnerie n’étaient plus automatiquement excommuniés comme autrefois. Mais une réponse les fit déchanter, si tant est qu’ils y prêtèrent attention. Celle de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (le 26 novembre 1983) :
« On a demandé si le jugement de l’Eglise sur les associations maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de droit canonique il n’en est pas fait mention expresse, comme dans le Code antérieur.
Cette Congrégation est en mesure de répondre qu’une telle circonstance est due au critère adopté dans la rédaction, qui a été suivi aussi pour d’autres associations également passées sous silence parce qu’elles sont inclues dans des catégories plus larges.
Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion.
Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus […]
Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l’audience accordée au cardinal préfet soussigné, a approuvé cette déclaration, qui avait été délibérée en réunion ordinaire de la Congrégation, et en a ordonné la publication. »
Le juge Agnoli rappelle : « La maçonnerie est l’institution la plus anathématisée et exécrée par l’Eglise au cours de son existence bimillénaire (le Père Esposito a compté environ 590 condamnations disséminées dans de nombreux documents) ».